Auto-Présentation de Dominique Desanti

Ce texte -non daté- de Dominique sur elle-même, a été retrouvé tel quel, déjà tapé à la machine

Dominique Desanti - Présentation

Ecrivain et femme, elle continue d’adorer son Paris qui se dégrade. Dans l’enfance, elle aima les arbres qui changent la lumière, et les mots qui changent de couleur quand on les bouge. A vingt ans, la guerre lui apprend que les mots sont des armes ; elle croit de son honneur de ne pas désarmer. Longtemps. Puis les secousses de l’époque lui ont prouvé que les mots s’ébrèchent à force de ricocher contre une Langue-de-bois. Elle comprit que ses mots à elle cherchaient le témoignage et non la liturgie. Qu’elle désirait montrer l’horreur des typhons déchaînés par les humains, mais tout autant la joyeuse beauté de la coccinelle, même si ça ne « servait » aucune cause. Et elle désira que ses mots tracent à la fois le voyage hors de soi, et la plongée en soi.

Elle se posa enfin la vraie question, en quatre mots : « Qui suis-je définitivement ? » Elle accepta les réponses. D’abord, une femme. Ensuite, le produit du siècle qui, depuis la chute de l’Empire romain, bouleversa le plus l’Occident et l’Orient.

Alors, elle eut envie de jeter des coups de sonde dans cette fin de millénaire. Ressusciter des personnages morts pendant qu’elle vivait… susciter des personnes nourries d’elle, mais qu’elle découvrait en les créant. Elle tenta d’habiter l’Autre le plus lointain, une Banquière, un écrivain qui se voulait nazi, un comédien - auteur pailleté. Se dire est parfois plus facile quand l’Autre est votre contraire : le mystère, par sa résistance, oblige à mieux se dessiner.

Elle apprit que personne ne se ressemble dès qu’on creuse, que vivre est certes un métier de chien, mais que chaque seconde vous offre plus de richesse qu’on ne peut en saisir.

Elle souhaiterait mettre au jour encore quelques dormeurs de son imaginaire. Puis que sa vie finisse d’un coup. Longtemps, l’amour lui fit la grâce de voiler la certitude qu’elle était mortelle. Elle voudrait partir trop vite pour même pouvoir, comme Faust, dire à l’instant « Demeure donc, tu es si beau ».